Après deux journées de Coupe des Champions, le constat est sans détour : le bilan des clubs français est mitigé, et surtout révélateur d’un malaise plus profond. Sur le terrain, une seule équipe se distingue réellement : l’UBB, seule formation française à afficher deux victoires en deux matchs. Pour les autres, les résultats oscillent entre gestion assumée, priorités nationales… et parfois abandon à peine déguisé.
Bordeaux-Bègles fait figure d’exception. Deux déplacements, deux succès, du jeu, de l’ambition et une vraie volonté de s’installer comme un prétendant crédible. À l’heure actuelle, l’UBB est la seule équipe française à envoyer un message clair : la Coupe des Champions est un objectif sportif à part entière, pas une variable d’ajustement du calendrier. Il faut dire que les Girondins sont les tenants du titre !
Derrière, le paysage est beaucoup plus contrasté. Toulouse, Toulon ou Castres ont alterné le bon et le moins bon, souvent avec des compositions remaniées, parfois contraintes, parfois choisies. Mais ce qui interpelle vraiment, ce sont certains signaux envoyés par des clubs pourtant habitués aux joutes européennes, comme La Rochelle ou Clermont.
La Rochelle, double championne d’Europe récente, a clairement lâché un match en envoyant une équipe très largement remaniée à l’extérieur. Le message était limpide : priorité au Top 14, gestion de l’effectif, acceptation assumée du risque européen. Même logique du côté de Bayonne, qui a payé très cher un déplacement avec une équipe rajeunie et inexpérimentée, sans véritable ambition sportive sur ce match précis. La Section boucle aussi cette première phase avec 2 défaites…
La question n’est donc pas seulement celle des résultats, mais bien celle de l’intention. Tous les clubs français jouent-ils réellement la Coupe des Champions pour la gagner ? Ou sommes-nous face à une compétition devenue secondaire pour une partie du Top 14, écrasée par la pression du maintien, des doublons internationaux et d’un championnat domestique ultra-exigeant ?
Rien d’illégitime dans ces choix, évidemment. Le Top 14 reste le nerf économique du rugby français. Mais à force de composer, de prioriser, de calculer, la Coupe des Champions risque de devenir une compétition à géométrie variable, où seuls quelques clubs décident réellement de jouer le jeu à fond.
Après deux journées, une certitude se dégage : si un club français veut peser cette saison en Europe, il devra accepter d’y laisser de l’énergie, des cadres… et parfois des points en championnat. Pour l’instant, seule l’UBB semble avoir fait ce choix sans ambiguïté.
Crédit photo : Facebook UBB