On a demandé à Laurent Cabannes, 49 sélections en Equipe de France, de revenir sur les enjeux de cette tournée d’automne. Son sentiment : « la dimension physique sera clé». Mais cela sera aussi l’occasion de valider les choix de nouveaux joueurs de Fabien Galthié analyse-t-il.
BR – Est-ce que cette tournée d’automne est le «top départ » de la Coupe du Monde 2027 en Australie ? Faut-il s’attendre déjà à un passage de témoin avec la génération de la Coupe du Monde en France ?
Laurent Cabannes – Oui c’est exactement cela parce que l’on est déjà à mi-chemin de la prochaine Coupe du Monde en Australie. Pour 2027 Fabien Galthié s’appuiera sur la génération Toulousaine mais il a aussi l’objectif de trouver de nouvelles « météorites » pour l’Australie. A ce titre les deux dernières tournées en Argentine et en Nouvelle Zélande avec beaucoup de jeunes joueurs ont été plutôt des succès. Certains les ont décriées ! Mais dans le rugby moderne une Coupe du Monde se prépare très amont. Je constate que ces tournées ont permis de faire émerger une nouvelle première ligne – que l’on devrait voir contre l’Afrique du Sud – de challenger la troisième ligne mais aussi de préparer l’avenir derrière. Les choix de Fabien Galthié sur ces deux tournées ont été judicieux.
BR – Au regard de leurs performances dans la Rugby Championship – notamment leur écrasante victoire 43 à 10 contre la Nouvelle Zélande – les Sud-Africains sont-ils imbattables ?
Laurent Cabannes – Le challenge est important. L’Equipe de France va affronter les doubles champions du monde, les doubles champions de la Championship avec six victoires sur hui et ils auraient pu gagner à l’Eden Parc et être la première équipe à gagner là bas après nous en 1994 *. Ce premier match sera délicat à gérer. Habituellement on joue la plus grosse équipe en fin de tournée. Là on démarre contre l’Afrique du Sud ! Et la question face à cette nation est toujours la même : est-ce que l’on l’aura la dimension physique suffisante pour rivaliser ? La nouvelle Afrique du Sud entrevue durant la Championship semble plus homogène. La clé du match sera sans doute du coté des remplaçants. Ils devront amener une supériorité physique à partir de la 50ème.
BR – Après sa défaite assez nette 22 à 7 contre l’Angleterre le week-end dernier l’Australie vous paraît elle capable d’inquiéter la France pour le dernier match de cette tournée d’automne ?
Laurent Cabannes – C’est une équipe qui est encore irrégulière. Elle a été capable de gagner son premier match contre l’Afrique du Sud mais aussi de perdre contre l’Argentine. En Angleterre ils semblaient fatigués. Pour eux comme pour les Sud Africains c’est une fin de saison. En Europe et en France on situe dans le premier tiers de la saison avec une certaine fraîcheur. On peut penser que cela fera la différence.
* La France est la dernière nation à avoir gagné (23-20) à l’Eden Park, le stade fétiche de la Nouvelle Zélande. C’était en juillet 1994 avec comme entraîneur Pierre Berbizier Philippe Saint André étant le capitaine et Laurent Cabannes évoluant au poste de 3ème ligne.