On le sait, la branche « historique » du rugby français – Toulouse, Perpignan ou Clermont – ont des écoles de rugby très développées et très efficaces qui forment chaque année de jeunes joueurs, véritable vivier pour le rugby professionnel d’aujourd’hui.
Cependant, les « petits » clubs de la banlieue parisienne dont la création est plus récente et l’histoire moins glorieuse, sont aussi de vrais pourvoyeurs de joueurs d’envergure ; des jeunes qui débutent au pied de leur tour, au cœur de la cité, des bandes de copains qui aspirent à être grands, ensemble. Il n’est qu’à se remémorer les noms et les stades qui ceinturent la capitale et qui résistent à des sports plus « faciles » peut-être. Je pense bien sûr à un des clubs phares du 9.3., l’A. C. Bobigny, fondé seulement en 1965 par des gens qui ne connaissaient pas forcément grand-chose au rugby mais qui avaient envie de se lancer. De ce club aux couleurs rouge et noir, au club house longtemps figé près de Drancy, et dérangé par l’érection de l’A 86, sont issus quelques noms familiers de l’ovalie : Valentin Courrent, Yves Donguy et tout récemment le jeune Yacouba Camara. On peut évoquer également, pour remonter un peu dans le temps, le club de Drancy créé en 1947 par quelques volontés farouches et brûlantes dont celle du célèbre Haroun Tazieff. Et puis plus récemment Massy, en 1971, et les succès qu’on lui connaît jusqu’à son accession éphémère en Pro D2. Et tous les Blanc-Mesnil, Lagny, Courbevoie, Aulnay-sous-Bois et tant d’autres.
La banlieue s’est encore mise à l’essai, ce vendredi, par le très bel exploit d’un grand espoir venu lui de… Sarcelles !, et retenu dans les trente à Marcoussis. Je parle bien sûr de Rabah Slimani, venu de sa banlieue nord planter l’espoir face à Montpellier, mener son équipe de Paris à la victoire et drainer derrière lui beaucoup de jeunes nés sur la dalle et qui l’ont tenaillée au ventre, forcément.
Tous les éducateurs de Seine-saint-Denis ou du Val d’Oise, de l’Essonne ou des Hauts-de-Seine savent que des pépites désœuvrées musardent entre les murs ; et des joueurs comme Camara, Slimani ou Donguy sont les espoirs de redonner au sport en général, et au rugby en particulier, sa vocation d’émancipation et d’épanouissement.
Merci Rabah !