Le rugby est un sport de mots !
Et nombre de gouailleurs, de littérateurs, de poètes, de chroniqueurs, de journalistes, de commentateurs mais aussi de joueurs, d’entraîneurs et de dirigeants ont aimé porté haut le verbe pour défendre un maillot, une idée, un combat !
Alors, quand un ancien ministre, entraîneur connu pour son phrasé parfois proche de la logorrhée, se met à évoquer la gent féminine, on pressent la métaphore travaillée, ciselée à la pointe de sa faconde ; ou alors on attend la comparaison troublante, comme celle utilisée naguère par un footballeur à la voix rude et qui parlait de mouettes et de bateau. On attend la réplique qui va faire mouche, le trait puissant et fin ; on voudrait du Cyrano, du Wilde, ou même du Herrero !!
Et l’on entend ceci : « Quand tu baises une laide et qu’un jour tu baises une belle, tu penses que tu ne vas baiser que des belles… eh non… malheureusement… ça a dû t’arriver, ça m’est arrivé, et tôt ou tard tu repasses au ragoût, tu vois ce que je veux dire… Parce que de temps en temps, tu peux faire un exploit, on a tous connu ça, c’est pareil…».
Peut-être eût-on pu dire que la femme séduite conservait les très beaux restes d’une somptueuse laideur ou bien encore qu’elle était d’une laideur telle qu’elle décourageait la médisance et qu’en prince des mots on ne saurait vilipender la laideur d’une femme sans se faire malotru.
Métaphore maladroite de rapports difficiles. Les mots s’en sont venus par le cœur et l’esprit, ils s’en iront par la porte, tristement.
Ne sombrons pas dans les travers lexicaux du foot ou d’une quelconque facilité, et osons conserver le bon mot au bon moment, comme une percée magnifique, un plaquage offensif ou une envolée solitaire.