Je vous rappellerai bientôt dans BRANCHEZ RUGBY mon parcours ovale. D’où je viens. Mais voici ce que je suis devenu une fois ma carrière de rugbyman pro achevée. Fusion-acquisition, KPMG, startup et surtout conseil font partie de ma vie.
Les études
Même si je fais partie de la génération rugby pro, j’ai toujours fait des études en parallèle de ma carrière sportive. Après une licence de trois ans en STAPS, j’ai ensuite réussi le concours d’entrée pour passer mon Master à Sup de Co Montpellier. J’ai aussi entamé plus tard un Master Droit des affaires à la Sorbonne pour en avoir fini avec les études en 2010.
Mon entrée chez KPMG
A la base, j’avais un contact dans cette entreprise de conseil et d’audit pour ce qui concerne la fusion-acquisition, le domaine que je visais. J’ai réussi à décrocher un entretien avec mon boss actuel, Marc, qui m’a dit qu’un rugbyman dans cette branche, ça ne marcherait jamais pour moi. Comme il ne voulait pas que je sois privilégié en quoi que ce soit par rapport à mon statut de sportif de haut niveau, ils m’ont fait passer tous les entretiens possibles en partant du bas, malgré mes diplômes. J’ai dû passer une dizaine d’entretiens pour rentrer dans ce département. C’était pire que des sélections régionales ou en équipe de France ! Mais cela a montré ma détermination.

Mes activités chez KPMG
Je fais partie de la branche fusion-acquisition (d’entreprises), ce qui prend pas mal de temps. En marge, on a voulu développer un business en interne autour du sport. On s’est demandé pourquoi en France, le sport-conseil est aussi peu développé, comparé aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, où il s’agit d’une véritable industrie. En répondant à cette question et en allant à la rencontre des acteurs pour y répondre, on a trouvé des clients avant même d’avoir structuré la Business unit. Je suis donc Head du service Sports avec un rôle transverse et en appliquant les outils KPMG. Ça peut aller de l’achat ou de la vente de clubs à des missions stratégiques de développement mais aussi un angle social avec le pack de performance qui encadre les athlètes olympiques. Nous organisons aussi des événements où l’on fait se rencontrer des investisseurs et des startups œuvrant dans le sport. On traite parfois de cyber-sécurité. Nous avons travaillé avec Arsenal et travaillons actuellement avec le syndicat Provale sur tous les outils d’assurance et financier pour les joueurs de rugby. Nous avons aussi lancé une plateforme de développement des sportifs durant leur carrière, visant à terme à les aider à la reconversion. D’ailleurs, c’est marrant d’observer combien nombre d’entreprises ou de cabinets se mettent au sport depuis peu. Certainement que la Coupe du monde de rugby 2023 et les JO 2024 qui seront disputés en France ont donné des idées. Sauf que KPMG a huit mois d’avance. On a anticipé.
L’audit et l’expertise n’ayant pas forcément un avenir radieux avec l’uberisation de la société, le conseil demeure un secteur fort avec des expertises sectorielles attendues. C’est important d’être légitime face à un client de son domaine de compétence. C’est encore plus mon cas dans le sport.

Comment réussir grâce au sport ?
Deux axes : avoir du charisme et savoir s’imposer. Savoir s’imposer dans un contexte de concurrence sévère est l’essence même du sportif. C’est une seconde nature. Mais plus concrètement, notamment dans mon secteur que sont le conseil et l’audit financiers qui sont très réglementés, il y a beaucoup de contraintes techniques. De savoirs. Si on ne les possède pas, c’est difficile. On ne peut pas s’appuyer que sur sa seule capacité à être à l’aise au niveau relationnel. Lire un compte de résultat ou un bilan, voire savoir calculer un DCF sont des préalables requis. Donc il faut apprendre. Et comme on part avec un peu retard, on reste des mois enfermé à bûcher pour rattraper.
Il ne faut pas oublier que certains sportifs qui sont entrés en centre de formation dès leur plus jeune âge en arrêtant les cours ont un niveau d’étude lycée. C’est sans doute l’un des enjeux majeurs à venir pour les sportifs : réfléchir dans un premier temps à comment combler le gap qui existe avec la concurrence pour réussir dans la vie professionnelle post-sport.
Le management en club ou en entreprise
Les entraîneurs, managers ou patrons qui dirigent en criant, menaçant, sanctionnant, c’est totalement dépassé. Contre-productif. Et c’est une tendance mondiale. Sauf que certains le font encore, avec toujours ces mêmes discours où il faut savoir de qui est-ce la faute. Comme une protection. Ceux-là généralement se plaignent que les valeurs, dont celles du rugby, ont changé.
Un bon manager doit trouver les moyens propres à chacun de briller, de le faire avancer, de le faire s’élever même ! Je sais qu’Ugo Mola par exemple à Toulouse, un peu comme vont davantage le faire les Anglo-saxons, pousse ses joueurs, les aide à être responsables et à se développer vers différents axes ; le tout pour le bien du collectif. Or, c’est un paradoxe, la plupart des joueurs français a besoin qu’on lui tape dessus. Lors de mon passage en Angleterre, je me souviens que les petits rugbymen de 13 ans venaient à l’entraînement avec leur rouleau de massage pour mieux récupérer après l’effort. Aujourd’hui, nombre de pros en France rechignent à s’en servir. Tous ces détails se retrouvent au final dans les résultats des équipes. Dont celle au sommet de la pyramide. Et pourtant, l’une des recettes se trouve à deux heures d’avion de chez nous. La somme des process et des compétences donne de bons résultats.

Gérer l’après-rugby
Même si les sommes engendrées par le rugby et les salaires n’ont plus rien avoir avec celles du passé, la question de la reconversion demeure cruciale. J’en discutais encore avec Max Médard. A coup de CDD de deux ans, le rugbyman est sans cesse dans une forme de stress. Quand un joueur joue presque tous les weekends, il n’y pense pas. Mais dès qu’on se blesse ou qu’on ne fait plus partie du groupe, ce qui arrive au moins une fois dans par saison à tout joueur, se posent cette question difficile de l’avenir à moyen et long terme. Le boulot du syndicat des agents Provale est utile mais si je le compare avec ce qui existe en entreprises, il faut encore revoir des choses. Certains agents accompagnent aussi certains joueurs. C’est ce qui fait la différence entre un très bon et un mauvais agent.
Do U Start-Up ?
On a investi avec Maxime Médard et Louis Picamoles dans Fiters, une start-up qui a trois ans et se trouve sur l’incubateur Station F créé par Xavier Niel, le fondateur de Free. Il s’agit d’une application qui permet d’avoir un coach personnel quand on veut, où l’on veut et avec l’objectif souhaité. Et que l’on soit un particulier ou une société pour booster ses équipes et lors de séminaires.
Voici à quoi ressemble Fiters !