En France, la méfiance est de mise vis-à-vis du projet de ligue rebelle de l’ancien international anglais Mike Tindall. La FFR a notamment formulé des réserves, craignant une concurrence déstabilisante pour les championnats nationaux et un déséquilibre dans la répartition des revenus. En revanche, la presse anglaise se montre plus partagée : certains observateurs saluent une initiative audacieuse capable de moderniser le rugby professionnel, tandis que d’autres redoutent une menace pour le modèle existant.
George Ford refuse les millions de R360 pour une dernière chance de gloire avec l’Angleterre – The Guardian
Le quotidien britannique révèle que l’ouvreur international George Ford a décliné une offre évaluée à près d’un million de livres sterling par saison pour rejoindre la future ligue R360.
En prolongeant son contrat avec les Sale Sharks, Ford a privilégié la fidélité au maillot anglais, conscient que rejoindre une ligue non reconnue par la fédération pourrait compromettre sa sélection en équipe nationale.
Cette décision symbolise le dilemme qui se pose à de nombreux joueurs : céder aux sirènes financières d’un nouveau championnat ou préserver leur engagement international.
Eddie Jones : le rugby de clubs est en difficulté – nous avons besoin de la ligue rebelle R360 – The Times
Pour Eddie Jones, ancien sélectionneur du XV de la Rose, le projet R360 représente une opportunité de sauver un rugby de clubs en perte de vitesse.
Dans un entretien accordé au Times, il juge le modèle économique actuel “insoutenable” et appelle à une refonte complète du calendrier et des revenus. Selon lui, une compétition privée pourrait relancer l’intérêt du grand public et attirer de nouveaux sponsors.
Son discours séduit certains investisseurs, mais inquiète une partie des instances, qui redoutent une fracture durable entre les clubs historiques et les nouvelles structures commerciales.
La ligue rebelle R360 porterait un coup dur au Premiership, avertit Rob Baxter (Exeter) – The Guardian
À l’inverse, Rob Baxter, directeur sportif des Exeter Chiefs, met en garde contre les effets collatéraux d’une telle initiative.
Selon lui, R360 risque de provoquer une fuite des talents vers des contrats plus lucratifs, affaiblissant ainsi la Premiership anglaise et les championnats domestiques.
Baxter estime que, si le projet peut séduire quelques stars en fin de carrière, il menace la stabilité économique des clubs et pourrait nuire à la formation locale.
Il appelle à “protéger l’écosystème du rugby anglais avant de céder à la tentation du modèle spectacle”.
Entre innovation et fracture
Ces positions reflètent un débat de fond :
- pour certains, R360 est une bouffée d’air frais capable de revitaliser un sport en crise économique ;
- pour d’autres, une aventure risquée qui pourrait accentuer les déséquilibres entre nations et entre clubs.
Entre prudence française et fascination britannique, le projet de Mike Catt s’impose déjà comme l’un des sujets les plus clivants de l’automne dans le monde du rugby professionnel.