Certes, il y a les analyses, les analystes, les exégètes, les chiffres, les statistiques, les pourcentages, les sélections, le nombre de passes fait par untel, les mètres parcourus par celui-ci, les offloads, les franchissements… la liste est longue dans le rugby moderne de tout ce qui est noté, enregistré, analysé, observé, presque disséqué.
Certes, le rugby a changé, tout comme a évolué le monde, et il s’est tout autant professionnalisé que modernisé. C’est inévitable. Les défenses l’emportent souvent et les chiffres sont implacables. Et l’on crypte, l’on encode, on mesure, on codifie.
Les hommes sont toujours « joueurs » de rugby mais ils évoluent dans un univers de simulateurs, de suivi GPS, de monitoring permanent des performances.
Pourtant, loin des chiffres et des équations, en relisant l’article de « L’Équipe » daté du 15 novembre 1956 et signé d’Antoine Blondin, je rêve que nos Bleus de samedi, face au vainqueur attendu du Tournoi 2016 fassent « vibrer le panache » ! Et qui plus est qu’il vibre devant l’Anglais !
Qu’on débranche les moniteurs, qu’on s’attache à ce supplément d’âme qui fait tressaillir, qui transcende et qui émeut.
Que les Bleus soient sur le pré comme ils se voient dans leurs rêves : conquérants, belliqueux, jusqu’au-boutistes ; qu’ils ne renoncent pas dès la première statistique un peu faible, dès le premier écart visible sur grand écran, à peine quelques points encaissés et la mèche est en berne. Qu’ils soient sublimes, qu’ils se donnent et s’abandonnent, qu’ils luttent avec grandeur et sans calcul, que la grandeur du beau jeu à la française vibre et fasse vibrer le stade entier.
Et même s’ils perdent, même si, à l’instar d’un Cyrano mourant mais grandiose, on leur enlève la rose et le laurier, qu’ils puissent emporter le soir du match, malgré la défaite ou la désillusion, quelque chose qui sera sans un pli et sans une tache, et qui leur permettra d’être debout, droits et sublimes : le Panache !