Un carnaval de couleurs tout d’abord avec le bleu de la squadra azzurra et le maillot bigarré des Français : beaucoup de blanc, du rouge et un peu de bleu sur le maillot pour mal de Bleus sur le terrain. Des couleurs qu’on espère conquérantes en ce samedi tristounet dans un stade pas tout à fait empli, ni de corps ni de chœurs.
Le carnaval, c’est un peu l’ultime repas des sens même si étymologiquement, il est la privation de la carne, de la barbaque, du steak sanglant, taillé au tranchant des percussions et à la lame des perforations offensives. Après les tristes offrandes de l’automne dernier, les Français veulent bouffer de la chair, de la bonne venaison, du gibier transalpin bien faisandé.
Alors, on le souhaite coloré, vivant, transfiguration du réel ce carnaval qui préfigure des agapes plus austères. Nos petits français nouveaux, ils veulent crier et faire chanter leur rugby, parader dans l’en-but, défiler dans les 22 mètres, vénérer quelque Dieu songeur d’une Ovalie qui résiste aux Bleus depuis si longtemps.
On y croit !
Dans les tribunes, le roi mage est là, assisté de ses assesseurs, il espère, il est l’incarnation d’une volonté nouvelle, un message divin, une lumière plus forte pour guider les Bézy, Lauret, Jedrasiak ou Vakatawa dont le nom sonne comme une divinité étrange, descendue sur le pré pour y voir de plus près les hommes.
Résurrection du rugby français !
Alors on a jeté de beaux confettis dans le ciel de Saint-Denis, trois beaux essais, un diablotin farceur venu du 7 et un esprit égaré en toute fin de match, cherchant le salut dans un coup de pied jeté qui finira comme un serpentin abandonné, dans l’enfer de la défaite, si près de la consécration.
Mais le carnaval c’est aussi l’annonciation du carême ! Après le gras – qui ne fut pas si gras – viendra le maigre !
Et il viendra peut-être dès samedi prochain, face à l’Irlande !