Le Top 14 tient sans doute l’une de ses affiches les plus séduisantes de ce début de saison. La Section Paloise, révélation offensive du championnat, reçoit un Stade Toulousain qui reste, avec Clermont et Bordeaux, l’une des machines à marquer les plus redoutables du pays. Entre deux équipes qui cumulent près de 400 points inscrits en douze matchs, la promesse d’un rugby ouvert et spectaculaire semble évidente.
Deux attaques en feu
Le classement en dit long : Toulouse (220 points) et Pau (182) occupent les deuxième et troisième places des meilleures attaques du Top 14 derrière Clermont. Les deux formations figurent aussi dans le top 3 en occupation du terrain (Toulouse 54,7 %, Pau 53,5 %) et dans le top 4 en plaquages cassés (Toulouse 156, Pau 129). Autrement dit, ces équipes avancent, franchissent et savent convertir leurs temps forts.
L’une s’appuie sur une maîtrise collective d’orfèvre, l’autre sur un enthousiasme offensif qui déjoue les pronostics.
À Toulouse, la ligne de trois-quarts reste un modèle du genre, tout comme l’implication offensive du pack : entre les jeunes révélations (Gourgues, Cramont, Banos, Théo Ntamack) et la précision chirurgicale de Ramos au pied, chaque possession est une menace. L’équipe d’Ugo Mola affiche d’ailleurs 30 essais inscrits en moyenne en six rencontres, à égalité avec Clermont.
Côté palois, l’équation est différente mais tout aussi efficace. Sous la houlette de Joe Simmonds, la Section a su trouver un équilibre entre intensité et créativité. Les jeunes trois-quarts — Brau-Boirie, Attisogbe, Gailleton, Arfeuil — jouent sans complexe, portés par une conquête qui libère de nombreux ballons rapides. Avec 20 essais marqués, Pau fait mieux que plusieurs cadors historiques (Racing 92, Stade Français, Toulon).
L’effet de surprise béarnais
Pau a pris tout le monde à revers. Longtemps cantonnée au ventre mou, la Section s’est installée dans le trio de tête grâce à un jeu audacieux et une grande maîtrise à domicile. Le Hameau est redevenu une forteresse : trois victoires en trois matchs, plus de 40 points inscrits de moyenne et une différence d’essais de +10.
L’équipe de Sébastien Piqueronies ne se contente plus de défendre chèrement sa peau : elle impose son rythme, étouffe les défenses adverses et exploite parfaitement les largesses dans les couloirs.
Toulouse veut reprendre la main à l’extérieur
Champion en titre et deuxième du classement, le Stade Toulousain reste une référence, mais ses sorties hors d’Ernest-Wallon sont plus contrastées : une seule victoire en trois déplacements et 12 essais encaissés, presque autant que marqués (9). Les Rouge et Noir savent qu’ils doivent hausser leur niveau pour éviter une deuxième défaite consécutive au Hameau, où ils s’étaient inclinés 13-9 en 2023 avant de reprendre l’avantage dans les confrontations suivantes.
Une affiche explosive
Tout oppose ces deux clubs dans la manière, mais pas dans l’ambition. Toulouse cherchera à imposer son tempo, sa possession et sa précision chirurgicale, tandis que Pau misera sur son intensité, sa vitesse et son enthousiasme pour faire basculer la rencontre.
Si l’histoire récente plaide pour Toulouse, la dynamique actuelle laisse planer le doute : la Section a prouvé qu’elle n’avait plus peur de personne.
Pau – Toulouse, c’est l’affrontement de deux philosophies offensives : celle, structurée et collective, du champion sortant, et celle, instinctive et inspirée, d’un outsider devenu candidat crédible au Top 6. Le Hameau s’apprête à vivre un choc de haute intensité, entre expérience et fraîcheur, rigueur et audace. Et pour une fois, l’effet de surprise pourrait bien venir du Béarn.
Sources stats : Allrugby ; LNR
Crédit photo : Facebook Section Paloise