Peu des suiveurs du top 14 l’auraient parié en début d’exercice : aucune des équipes phares des années 2000 – Biarritz, Toulouse, Clermont – présentes dans le dernier carré du championnat. Si le sort de Biarritz est scellé depuis longtemps – le club Basque jouera en Pro D2 l’an prochain – les défaites surprenantes de Toulouse et Clermont ce week- end en quart de finale sonnent peut-être la fin d’une époque. A la veille de ces qualifications pour les demi-finales les deux plus gros budgets du championnat se présentaient pourtant avec un avantage statistiquement non négligeable au rugby : celui du terrain. Toulouse est très souvent intraitable à Ernest Wallon. Clermont est réputé imprenable à Michelin. Le Racing et Castres ont pourtant su s’en sortir grâce à une motivation très forte, des défenses très bien en place laissant très peu d’espace aux velléités offensives de leurs adversaires, et une forte fraicheur mentale.
Les statistiques – notamment celles exprimant des records – sont faites pour être un jour démenties. Mais à ce niveau, la fin de deux séries très anciennes, mises à mal sur deux matchs, ne sont certainement pas le fruit du hasard et expriment pour le moins la fin d’un cycle hégémonique au sommet du Top 14. Finie la série qui voulait qu’année après année 13 club se battaient pour trois places en demi-finale, la dernière étant invariablement réservée à Toulouse. Terminée également le mythe durable de l’invincibilité de Clermont à domicile. Au final ce début de phase finale montre un changement majeur dans l’analyse qui peut être faites du championnat : ce Top 14 aura été le plus serré de l’histoire avec une lutte féroce tant dans le haut que dans le bas du classement et débouche sur un resserrement des valeurs favorable au sang neuf du Racing et à des clubs en haut de l’affiche depuis seulement 3 ou 4 exercices : Castres, Toulon et Montpellier. Et donc défavorable aux super puissances, en mode rouleau compresseur depuis une quinzaine d’années. Par ailleurs la fraicheur, notamment mentale, et la faim de conquête qui l’accompagne auront eu raison de l’expérience des grands rendez-vous et – donc – de l’importance du « match à domicile ».
Clermont – chez qui l’entraineur en chef Vern Cotter dirigeait son dernier match – et Toulouse en tireront certainement des leçons pour ne pas régresser durablement et l’intersaison devrait y être très animé. Une intersaison que BranchezRugby suivra tout particulièrement en proposant des analyses statistiques centrés sur les joueurs, les équipes et les mouvements.