Le terrain n’est pas favorable aux Oyonnaxiens, tant à l’extérieur, avec trois défaites dont un sévère 61 à 3 infligé par Toulon lors de la 6e journée, qu’à domicile où la nouvelle pelouse semble ne pas favoriser les élans des hommes d’Olivier Azam.
On eût pu cependant penser que dans cette région que l’on appelle la Plastics Vallée, spécialisée dans toutes les formes de plastiques variés et autres latex, le nouveau matériau qui équipe maintenant le Stade Charles-Mathon serait à la hauteur des espérances des joueurs et des spectateurs. Une pelouse synthétique, plus douce, toujours prête, insensible aux intempéries, accueillante, presque vibrante… on ose à peine imaginer les contacts de la peau avec cette fibre en polyéthylène, à la fois souple et forte, « dotée d’extraordinaires propriétés de résistance et de durabilité » comme il est précisé sur le site du Club d’Oyonnax. Davantage de perméabilité, une résistance accrue au gel – finis les terrains froids, austères, les sols insensibles, glacés, rendant les joueurs impuissants – avec un aspect proche du naturel, presque chaud, quasi sensuel.
Ah, comme elle a pu faire fantasmer cette pelouse nouvelle avec ces nouveaux composants ! Que de rêves d’empilements, de rucks, d’étreintes non simulées sur la perfection de cette surface presque charnelle !
Mais, las, plutôt que de licencieux égarements dans la pression des corps emmêlés, les joueurs se sont corrompus à un jeu auquel ils ne sont peut-être pas encore habitués ; un jeu plus ouvert, plus déployé, plus aérien, avec de plus grandes courses et moins de resserrements, moins de contacts, moins d’enlacements virils.
Alors, en ce début de saison, le gazon semble infortuné et les hommes en rouge et noir ne décollent pas du bas de classement, avec 5 petits points, devançant péniblement le promu agenais d’un seul point.
Le rugby reste un jeu de corps et de mêlées qui se joue sur un terrain propice. Ah ! Gazon maudit !